Les Vagues du Temps

Libre

L'air soufflait paisiblement entre les feuilles et les branches, produisant un constant crissement qui résonnait à travers la petite frondaison. Les montagnes se dessinaient haut dans le ciel, parfois cachées d'un épais nuage. L'étendue d'eau brillait littéralement sous les faisceaux lumineux du soleil. Douce réverbération en ce début de matin alors que la rosée restait accrochée aux buissons. Les ombres virevoltaient, les oiseaux s'égosillaient de leurs chants, et les pas de Lally se faisaient silencieux, au milieu d'une nature éveillée. Le regard voguant, un demi-sourire sur ses lèvres noires, elle parcourait lentement le sentier de terre. Sentier qui la mena vers une plaine verte, à la végétation fleurissante, près d'une longue chaine montagnarde. La demoiselle s'immobilisa instantanément, fixant l'endroit, chaque parcelle qui le constituait. Comme une doucereuse utopie. Alors qu'un courant d'eau se mouvait près de quelques arbres. Elle s'en approcha à grands pas, la surface lisse reflétant exactement le ciel et les ombres, les arbres. Et puis bientôt, le visage de la jument. Elle y but quelques gorgées, avant de tourner à nouveau son regard vers le paysage idyllique.

En quelques minutes, elle avait fait le tour de l'endroit avec ses yeux. Et restait immobile, au bord de l'eau. Elle soupira doucement, faisant volte-face, comme si l'envie de parcourir la plaine l'avait emprise. L'herbe encore humide déversait quelques gouttelettes d'eau lorsque ses sabots s'écrasaient dessus. Le soleil était déjà haut dans le ciel pour un début de matinée et les nuages étaient pratiquement inexistants. Il n'y avait personne, aucune existence, ou du moins, aucune que Song n'avait détecté. Et elle n'y faisait pas attention, malgré les différentes silhouettes qui apparaissaient et disparaissaient sous son regard. Malgré les buissons qui s'agitaient, même lorsque le vent cessait d'envoyer de légères rafales.